Vèbre - Ariège - Familles et Contestation de la Fourrane au XIXème siècle I / II

Publié le par Le Castor

Contestation sur la Montagne au XIX° siècle

 

 

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Ci dessus vieille cabanne de Beille d'en bas

 

La vie dans nos pays de montagnes était indissociable du libre accès aux bois et aux pâturages... Les droits des habitants sont retranscrits dans les coutumes de Garanou dont le premier texte de ce recueil est l’inféodation du seigneur de Lordat au comte de Foix. Les comtes reconnaissaient à leurs sujets le droit de forestage et de pacage sur les terres qui étaient de leur juridiction.

La montagne

Dans le dernier quart du XVII° siècle un accord est intervenu entre la famille de Lordat, propriétaire de toutes les montagnes et  les habitants des trois communes. Cet accord prévoyait le pacage en commun sur la montagne et attribuait aux habitants des bois où ils pouvaient couper des arbres pour le chauffage et un autre, bois du Castillou où ils pouvaient couper du bois d’œuvre. Ainsi que les parcours des animaux.

Les doits sur les montagnes sont connus par l’enquête de Mr de Froidour lors de la réformation des eaux et des forêts sous Louis XIV (coutumes de Garanou) et par des accords reportés dans diverses délibérations du conseil municipal de Vèbre ce sont :

Les  actes authentiques 1697 et 1795

« Il existe des actes authentiques des arrêts de la chambre  des comtes de par des délibérations du 2 juin 1783 du 22 février et 28 avril 1697 et une transaction du 16 avril 1778 qui prouvent la jouissance possession légale  de la communauté de Vèbre Urs et Lassur. »

Avec Gudanes les accords du 16 avril 1778

Les communaux

Leur origine nous est connue par deux  délibérations du conseil municipal.

1° Celle  du 3 novembres 1839 

La famille de Lordat n’a  « jamais eu la seigneurai  foncière et directe  du terroir de Vèbre dont les habitants ont toujours servi les albergues , compoix de la concession des communaux  a eux faite par les comptes de Foix à l’abbesse du couvent des Salanques   donataire de ce souverain, qui depuis la suppression de la d..te et l’abolition des droits féodaux la commune de Vèbre qui avait le domaine comtal ? de ses communaux est censé les posséder en pleine propriété. »Cette possession du couvent des Salenques à Vèbre et autres lieux du Lordadais est confirmée par l’enquête de la réformation.

2° La délibération du  14 novembre 1846

« la châtellenie de Lordat a toujours été la propriété des suzerains , les terres communales de la châtellenie qu’il ne faut pas confondre  avec le baillage  du Lordadais,   composé de  16 villages ou hameaux ont successivement  appartenus aux comtes de Foix qui en ont asservie le domaine aux habitants moyennant une redevance ou albergue puis aux Rois de France enfin à la Nation française qui par les lois du 13 avril 1791, 28 aout 1792 et 10 juin 1793 a investi les habitants des terres communales des territoires respectifs, sur la prétendue châtellenie

Limites de Pacages

         Au  XIX° siècle la population s’accrut considérablement dans les Pyrénées dans les années 1870 il y avait à Vèbre entre 50 et 60 filles à l’école et autant de garçons, une partie de ces enfants se sont expatriés et les autres sont restés au village et le cheptel s’est accru.

          La commune réglementa le pacage dans les années 1840 ce qui prouve qu’il n’y avait pas assez de terre pour toutes les familles.. La commune mit en place des limites de pacage pour préserver les pâturages de la montagne et lorsque les vaches et brebis étaient sur la montagne il était interdit de faire pacager les bêtes restées au village dans les communaux du Quié pour qu’il y ait assez d’herbe à la descente des bêtes

          Vois-ci les limites pour 1881 :  « ….A  partir du premier avril jusqu’à ce que le troupeau commun des bêtes à laine soit fixé sur la montagne et pour les bêtes bovines jusqu’à ce que la vacherie des trois communes réunies monte,  les animaux de l’une et l’autre espèce ne pourront pacager sur la haute montagne sans toutefois dépasser du côté nord les points ci –après qui établiront des limites en ligne droite de l’un à l’autre à partir du haut du rocher de Coumou Escuro dit afsaladou  de Gériés en ligne droite au Sarrat de Courtezio et de ce dernier point en suivant le sentier jusqu’au carayrous de Gastagnole.

C’est à dire que les jafses de Gériès, Coumou Escuro Courtal Gélat de bas Courtalgélat de naout et Courtal Diou  sont mises  en réserve jusqu’à ce-que les animaux  des deux espèces montent sur la haute montagne pour y pacager durant la belle saison…. » Ces limites sont sensiblement les mêmes d’une année sur l’autre.

Les pâtres

          Les vacher étaient désignés en conseil municipal et touchaient un salaire par nombre de vaches puis ils furent payés au mois. Il y avait un vacher et son aide ; un berger et un aide pour les brebis à laine et un berger pour les brebis à lait  qu’on désignait sous le nom de bergerie. Le vacher est loué en vertu de l’article 88de la loi du 5 avril 1884 il touchait en 1893 0,75 f par vache, les veaux ne payaient pas.Location des bergers en 1894 : « Le conseil nomme Dandine Baptiste et Canal oscar de Vèbre et demande de vouloir fixer leur salaire.

          Les pâtres sont nommés pour 6 mois du 1er mai au 31 octobre 1894 inclus et toucheront un salaire de 140f pour Dandine Baptiste et130f pour canal Oscar. ». Les pâtres étaient nourris par les propriétaires.

Toutes ces informations sont disséminées dans les résumés des délibérations du conseil municipal.

16  décembre 1886 Bergers récalcitrant

les communaux du sud de l’Ariège au ruisseau des Foyres et tout ce qui ne fait pas partie de la haute montagne est  mis en réserve pour les bêtes ovines et bovines.

Pareille réserve est faite jusqu’au 11 novembre, pour les communaux formant la partie septentrionale du territoire,  c’est à dire les communaux compris jusqu’aux limites d’Albiès, Caychax, Appy et Urs

-Tous les animaux qui pacagent au printemps sur ces réserves et qui y auront pacagés en automne seront compris dans le rôle du salaire du gardien et de celui de sa nourriture (fournitut). » 

  En 1889  la commune avait établit un rôle d’affouage Les vaches payent 1f par tête et les brebis 0,15 voir infra. En 1896 la fourrane est de 3,20 f pour les vaches et 0,30 pour les brebis. L’augmentation est sensible et 17 propriétaires refusent de confier leurs animaux au troupeau commun.

  Dans la délibération du conseil du 28 décembe1896 le maire fait par des réclamations de 17 propriétaires de Vèbre pour opposition aux taxes du rôle de pacage et qui demandent chacun en ce qui les concerne d’être déchargé de leur quote-part, prétendant que leurs animaux n’ont pas pacagés sur les terrains communaux

  La loi du 5 avril 1884 attribue aux conseils municipaux le soin de réglementer l’exercice de dépaissance ; cet exercice à été réglementé en séance du 2 juillet 1896 avec délimitation des réserves et approuvé par le préfet le 8 du même mois

  Cette réglementation a «été dument affichée (l’affichage se faisait devant la porte de l’église)  Le conseil reconnaît que le parcours des animaux est libre mais qu’ils en recueillent les fruits et de ce fait sont passible des taxes de pacage. Les contrevenants ont contresignés les procès verbaux dressés par le garde champêtre dés lors ils ne sauraient se soustraire aux taxes de pacage. Le conseil demande au préfet l’autorisation de soutenir ce procès. Pour que les contrevenants soient maintenus sur les rôles de pacages

Liste des 17 propriétaires:

-1° Rauzy  François  guimbart,

-2° Soulié Jean, salcet,

-3° Florence Pierre Peyretout,

-4° Ponsy Adolphe,

-5° Lafaille Pierre,

-6° Sicre Raphaël,

-7° Soula François,

-8° Rauzy Mathieu reyot,

-9° Lafaille Jean, la douçur,

-10° Soulié Etienne salcet,

-11° Vidal Achile ?

-12° Joucla Jean ?

-13° GabarreSsaturnin,

-14° Bonnet Ernest

-15°Of Jean pour les bovins

-16° Vidal Achille et…

-17° Apine Joseph pour les ovins.

Le  10 février 1897 réunion des conseillers municipaux ;  le conseil de préfecture doit se réunir le 16 février courant, le conseil se réunit une dernière fois pour examiner la situation et le maire recueille les différents avis vu que tous ne peuvent se rendre au conseil. Les  taxes  de 3,20 f  par vache et 0,30 f   par brebis sont maintenues. Mais par arrêté du 3 mars 1897 du conseil de préfecture les 17 propriétaires sont dégrévés de leur  taxe de pacage respective. La commune demande une ligne de crédit pour rembourser les propriétaires.

Cet épisode de la vie de notre village nous fournit le nom des familles d’éleveur du village, pour le rôle de 1896, et probablement la totalité des familles pour celui de1889.

A suivre Vèbre Ariège Familles et contestation de la Fourrane au XIXème siècle II / II

Le Castor

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