Nous avons repassé le certificat d’études…
Samedi 8 juin 2013, pour quelques heures, la salle de la Mairie est redevenue la salle de classe qui a accueilli les enfants de notre village durant de nombreuses années…
Quelques photos de classe nous rappellent ces écoliers.
Louis Oberdorff présentait, dans le cadre de notre association « Vèbre Chemins faisant » un exposé à propos du certificat d’études.
Il s’agissait moins de passer ou de repasser son certificat que d’évoquer de façon ludique la vie de cet examen créé officiellement en 1880 par le ministre de l’instruction publique Jules FERRY et supprimé en 1989 par Lionel Jospin, ministre de l’éducation nationale.
Issu de concours entre les différentes écoles publiques ou confessionnelles il donnera lieu à des tentatives locales, cantonales ou départementales pour prévaloir son école ou ses maîtres.
Des luttes d’influences se manifesteront, si bien que, dans les écoles catholiques, il sera institué un « certificat de l’évêque » vite tancé par l’Etat. En effet, nous sommes encore, en cette fin de 19ème siècle, sous le régime du concordat signé par Napoléon Ier et le Pape. Avec les lois de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat les évêques ne sont plus des fonctionnaires et peuvent apposer leurs sceaux sur le certificat dit « de l’évêque ».
Déjà la 1ère communion marquait le passage, comme le fera le certificat d’études, du stade de l’enfance à l’âge ado-adulte. Le certificat d’études rapidement apprécié des employeurs privés et de l’état qui en fera la condition pour entrer dans la fonction publique. Les reçus auront un grade et entendront le monnayer.
La République héritière ambitieuse et active d’un considérable travail accompli par le ministère Guizot de Louis-Philippe, puis de Victor Duruy sous Napoléon III, fera du certificat d’études primaires élémentaires une véritable institution qui trouvera sa traduction dans un formidable bond dans la réalité sociale et scolaire.
Presque tout va se jouer dans les premières décennies du 20ème siècle. Le « certif », comme on le nomme affectueusement, va jouer sa partition dans le grand élan vers une instruction de masse gratuite pour tous. Tout citoyen devra apprendre à lire, à écrire et à compter afin d’acquérir ce viatique qui lui permettra d’entrer mieux armé dans la vie.
Le diplôme d’études primaires préparatoires (D.E.P.P.) sera pour un temps, dans les années 40 sous l’occupation, à côté du certificat plus spécialement destiné à l’entrée dans la vie active un examen qui, comme son nom l’indique, plus tenté par des enfants qui se destineront à des études plus longues. Le certificat restera le symbole de la démocratisation de l’enseignement, à côté d’un certain élitisme représenté par les concours généraux des lycées.
Il restera aussi le triomphe de la laïcité et le fer de lance d’un certain jacobinisme destiné à assurer une bonne fois pour toute, l’unité de la Nation, de la langue française et de l’égalité des droits et des devoirs pour tous.
Les épreuves de cet examen consacrent une orthographe intransigeante, c’est-à-dire une parfaite connaissance de la grammaire et du vocabulaire, un devoir de calcul qui fait une place importante au calcul mental et au raisonnement. Puis vient ensuite la trilogie histoire (la chronologie) – géographie - sciences naturelles. Les jeunes filles feront une apparition timide dans cet examen et on constatera qu’elles sont plus douées en général que les garçons en dictée et en rédaction, mais que ceux-ci se montrent plus habiles en calcul.
Sur le plan des lauréats les filles rattraperont assez vite leur retard. En Ariège, par exemple, entrées timidement dans la compétition, elles tiendront la dragée haute aux garçons dans les années 30.
Notons enfin que les problèmes proposés à l’examen ont souvent été raillés : des robinets qui fuient, des trains qui se croisent ou qui ont du retard. Cependant, ces problèmes sont tous marqués au coin du bon sens, évoquant la réalité de tous les jours afin d’inciter les futurs citoyens à gérer au mieux leurs affaires et leurs vies.
Dans la bonne humeur, Louis proposa aux amis présents une dictée tirée d’un livre de Jacques Capelovici, le célèbre maître Capelo, puis quelques petits problèmes classiques de trains et de robinets, ou de gestion domestique.
Après les efforts (intellectuels), le réconfort… Les joyeux participants ont partagé de succulents gâteaux arrosés de cidre bouché.
Ce compte-rendu a été rédigé par Louis Oberdoff, maitre d’école d’une classe studieuse qui a planché sur les exercices proposés.