Ariège Pyrénées_Vèbre chemins faisant_Notre clocher
Au tour du clocher
« Auprès de mon vieux clocher
Le village refait la ronde
En encerclant tout un monde
Que je viens de retrouver
Le tilleul n’a pas changé
Il abrite les amourettes….
Mais là, sur le banc
Toujours, des cheveux blancs
Viennent se reposer
Médire ou bien jaser » Christophe Mae.
Ainsi commence la chanson de mon vieux Clocher .C’est lui que vous voyez de loin lorsque vous revenez au pays ; ses cloches égrainent l’heure au petit matin en arrivant de la capitale, quel calme quel bonheur.
Mais notre clocher a la malice d’accueillir des « herbes folles ». Dans le logement des cloches
J’en arrachais jadis, bonjour le vide, mais quelle belle vue du haut de la vieille échelle rouillée et descellée. Cette année il s’est coiffé, en haut de son chef d’un « sinistré », herbe envahissant les jardins mal entretenus. Bien difficile d’y monter pour l’en défaire. Heureusement les pompiers font parfois des exercices sur cet édifice, hauteur du clocher 15m20 et ont eu la gentillesse de nous arracher cette intruse, ils en sont remerciés.
Dans les temps jadis à Lapège ils avaient trouvés un autre moyen comme nous le révèle le poète ariègeois.
Le cardoulh sul clouquiè de Lapèjo
U n joun (li a pla tems d'aco), le ritou de Lapéjo, an s'en anan soupa a pitchouno campano per coubida la mainado al catechime, s'abisèc qu'un gros cardoulh éro nescut sul clouquié.
« Puisque un cardoulh i es nescut, ça diguec le brabe ritou, n'i pot neiche clous, é tres, è quatre, e beleu mès. Aco pot entre dangerous pel clouquiè que deja es pos trop soulide ». E n'en parlo al rnèro de la coumuno. Aqueste, que boulin pos prene cap de respounsabilitat tout soul, fa coumbouca les ceunselhes pel dimenje d'aprets, è ius etsplico la causo.
--E be,ça diguec un couuselllé que passabo pel pus rebiscoulat de l'escaboc, si le cardoulh es dangerous pel clouquié, le cal ana arrinca ; mé coumo es crincat à la cimo, aco es rnalaisit. Le rnilhou, cresi, sirio d'i fè grimpa un ase que se le manjaro. And uno cordo soulido, ne birion la farço ».
E' atal nè fousquec decidat.
Quand tout, fonsquec prèst, coundesisquéjen l'ase pus migre è le pus lausè de la communo al pè del clouquié. Dabant le ritou, les connselhes e uno binteno de badalucs, le mèro l'a, uno badago à la corda e te la passa damé las aurelhos del ase.
Alabets tout le mounde se bouto à l'autre cap de la cordo, e tira que tiraras. La pauro bestio coumensabo de sourti la lengo ; quand las patos de darre i tusteguen pas pus pel sol, la lengo i sourtic encaro pus loungo.
-- « E gaitats-me aquel pourmant, digues calcul ; se lepo deja les pots abau d'arriba al cardoulh ! »
Tiren, tiren toutjoun, cridabo le méro ; aro i ba abasta e se ba regala
L'ase mountabo, mountabo, tout douçoment. )Mé le pauro, quand fousquec dabant le cardoulh, èro escanât....
Andelin MOULIS
Pour la traduction voir infra
Le clocher rythmait jadis la vie du village avec l’angélus, le matin pour prendre le travail à midi pour le repas et le soir pour rejoindre le foyer. Et il en était ainsi depuis des siècles. L’heure se lisait d’après l’ombre des arbres et des rochers. Monsieur Richard Rauzy me disait que sa grand-mère à Urs connaissait l’heure en regardant les ombres dans les roches du Quié, elle ne se trompait pas dans son estimation. L’heure de l’époque était l’heure solaire.
L’an VI et le mois de vendémiaire et brumaire_ octobre novembre 1797_ la commune de Vèbre est en procès contre Jean Escaich, le cloutier et horloger de Goma maître de forge à Urs. Il avait détourné du fer destiné à l’horloge de Vèbre. La première horloge de l’église apparut à cette époque. Le 14 mai 1836 le conseil vote 15 francs pour changer le ressort de l’horloge et confectionner un ouvrage pour que le mécanisme soit à l’ abri de la lumière. L’horloge électrique actuelle a été installée dans les années 60.Mais depuis nous n’avons qu’une seule cloche qui sonne l’angélus.
Je remercie Mr le maire Jean Rouzoul pour sa collaboration qui nous a permis de connaitre les inscriptions portées sur les cloches. En 1834 une cloche fut commandée pour l’ancienne église. Elle a un diamètre de 835mm elle porte l’inscription : année 1834 Brides forgées réalisées le 29 07 1835. Elle se trouve au clocher actuel coté nord. La cloche du sud a un diamètre de 900mm,
Inscriptions : fondeur martin à Foix Mr Alliat maire ; Mr capdeville Curé
Parrain jean soula banquier
Fabricien Jean Soula Jeanou soula.
La marraine était Melle Françoise Soulié, la bénédiction eut lieu le 9 septembre 1883 après vêpres. Le père Alexandre du couvent des carmes à Pamiers était l’orateur de la cérémonie.
« …Une cloche sonne, sonne.
Sa voix, d'écho en écho,
dit au monde qui s'étonne:
"C'est pour Jean-François Nicot.
C'est pour accueillir une âme,
une fleur qui s'ouvre au jour,
à peine, à peine une flamme
encore faible qui réclame
protection, tendresse, amour." Les trois cloches Edit Piaf
Les cloches sonnaient pour les offices pour égrener l’angélus mais aussi pour les heureux événements. En 1875 Vèbre scolarise 54 garçons et 55 filles tous les enfants sont scolarisés ; 13 adultes suivent les cours qui leur sont destinés.
En 1878 pour une population de, 368 habitants en 1876 nous avons 61 garçons scolarisés dont 34 de 6à 13ans 7 de moins de 6ans et 20 de 13ans pour les filles53 filles scolarisées dont 33 de 6 à 13ans 5 de moins de 6ans et 15 de 13ans. Tous les enfants sont scolarisés, ce n’était pas encore le cas dans les autres communes notamment aux Cabannes et à Caussou. L’absentéisme était important. Pour plus d’informations sur l’école demander la notice: « Les écoles de Vèbre et du canton des Cabannes» à Jean Michel. Sources statistique de l’éducation nationale T169 ; T170 et suivant aux Archives de l’Ariège.
Aux heures de l’horloge se mêlait le cri des enfants le brouhaha des charrois et les hennissements des chevaux qui appelaient leurs copains qu’ils entendaient passer sur le chemin. Les jeunes gens et jeunes filles se mariaient dans le village ce qui donnait lieu à autant de volée de cloches.
Les cloches sonnaient aussi pour les glas 1coup pour les femmes 2 pour les hommes 3 pour un curé 4 pour un évêque et 5 pour un cardinal et 6 pour le pape. En 1914 le tocsin sonna dans toutes les églises de France pour annoncer la guerre il dut aussi sonner en 1870 et en 1939 La commune paya un lourd tribut en 14-18 avec 14 morts, pendant la dernière guerre il n’y eut que trois tués mais de nombreux prisonniers.
A la liste des prisonniers de guerre de 1940 il faut ajouter d’autres informations trouvées sur la liste officielle des prisonniers de guerre (bibliothèque nationale) les vois-ci :
Alazet Eugène 29 5 .....Vèbre 09 2°cl ,16 TEM 134
Esquirol Albert 22 8 1900 Vèbre cap -c 427° l (tronqué)
Alazet Aimé 19 07 1906 Vèbre cap 341° RI st VI c
Florence jean ,6 6 1910 Vèbre 2°cl 220°RI 141
Soulié joseph 14 04 1905 Vèbre 2°cl 427 Ra st IID ; déjà cité mais nous avons son régiment et stalag.
Non trouvé sur ces listes Poncy Paul ; Poncy Louis ; Canal Georges habitants Vèbre et Jean Costessèque Né à Vèbre et habitant Ax.
Après la séparation de l’église et de l’état les sonneries des cloches firent l’objet de multiples procès dans toute la France. En plus des sonneries religieuses et des heures elles doivent sonner lorsque le président de la république se rend ou traverse la commune. Dans beaucoup de localités le maire à interdit les sonneries des cloches pour détourner les nuages de grêle. Le tocsin sonnait aussi pour appeler la population en cas de catastrophe le plus souvent les incendies.
« Village au fond de la vallée.
Des jours, des nuits, le temps a fui.
Voici qu'en la nuit étoilée,
un cœur s'endort, François est mort,
car toute chair est comme l'herbe,
elle est comme la fleur des champs.
Epis, fruits mûrs, bouquets et gerbes,
hélas! vont en se desséchant...
Une cloche sonne, sonne,
elle chante dans le vent.
Obsédante et monotone,
elle redit aux vivants:
"Ne tremblez pas, cœurs fidèles,
Dieu vous fera signe un jour.
Vous trouverez sous son aile
avec la vie éternelle
l'éternité de l'amour »
Pour terminer une chanson de Luis Mariano dont je vous retranscris les paroles que vous trouverez difficilement sur le net. La version de la chanson différe lègérement de celles de l'operette..
Le clocher du village
« Je revois le clocher du village
Sous,la lune aux rayons surnaturels
Il est la, sous mes yeux comme une image
Je le vois, tendre et bleu comme un pastel
J’aperçois le vieux banc la chaumière
La fontaine ou se mire un vieux pêcher
Dans le soir endormi loin des lumières
Je revois mon village et son clocher
Je me souviens d’un passé merveilleux
Quand sous le ciel idéal
Un vieux clocher se présente à mes yeux
Comme un tendre et doux signal
Je revois le clocher la chapelle
Ou mon cœur fut grisé de mot très doux
Et j’entends résonner tendre et fidèle
Dans la nuit l’heure bleue du rendez vous
J’aperçois deux amants sous la lune
Je revois le bonheur d’être adoré
Qu’il est bon quand on est dans l’infortune
De revoir son village et son clocher. »
Livret Marc Cab et Raymond Vincy musique Francis Lopez
photographies le-clocher
Le chardon sur le clocher
U N jour (il y a bien longtemps de cela), le curé de Lapège en allant sonner la petite cloche pour inviter les enfants au catéchisme, s'aperçut qu'un gros
.chardon était né sur le clocher.
- « Puisqu'un chardon, y est né, se dit le brave curé, il peut en naître deux et trois, et quatre, et peut-être davantage. Cela peut être dangereux pour le clocher, qui, déjà, n'est pas trop solide. » Et il en parle au maire de la commune. Celui-ci, qui ne pouvait prendre aucune responsabilité tout seul, fait convoquer le, conseillers pour le dimanche suivant, et il' leur
explique la, chose
Eh bien ! dit un conseiller qui passait pour le plus éveillé, si le chardon est dangereux pour le clocher, il faut aller l'arracher mais comme il est perche au sommet, cela est malaisé. Le mieux,- je crois, serait d'y faire² grimper un âne qui le mangerait. Avec une corde solide et une poulie, nous en verrions la farce. Et il en fut ainsi décidé.
Quand tout fut prêt, on conduisit l'âne le plus rnaigre et le plus léger de la commune au pied (tu clocher. Devant le curé, les conseillers et une vingtaine de badauds, le maire lit un nœud coulant à 1a corde et le passa derrière les oreilles de l'âne. Alors tout le inonde se met a l'autre extrémité de la corde, et tire à qui mieux mieux. La pauvre bête commençait à tirer la langue ; quand les pattes de derrière ne touchèrent plus la terre, elle tira la langue encore davantage.
- "et regardez moi ce gourmand, dit quelqu'un ; il se pourlèche, déjà les lèvres avant d'arriver au chardon ! ».
- Tirons, tirons toujours, criait le maire ; maintenant il, va l'atteindre et il va se régaler
L'âne mon tait, montait, tout doucement. Mais le pauvret, quand il fut devant le chardon, il était étranglé.
ADELIN MOULIS
PJM