Ariège Pyrénées_Vèbre chemins faisant_ La Follo II

Publié le par Le Castor

LA DUCHESSO BERTHO DÉ RHOAN

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Lé bruch d'aquélo capturo 'embroundisquec Pertout. Lé oouratché dé, Gastoun èro bantatgent lèos à la roundo, n'abion pos soue pareil. Pertout, pertout, clins toutis billatchés, haméous ou bordos entendiots pos qué babardéja sus aquel ,ébènoment.

Toutis s' démandabon : Chi pot essé aquélo follo ? la ail disio: és uno grando clamo ; l'aou-tré , és calqué breycho qu'en forbandit del savat.

Bélèou, dis o la bieillo, es calqu'âmo en pénos qué paourëjo prièros

Déjà èron al mes dé septémbré dé l'annado suibanto ; déjà las maytinadlos èron fresquètos, ,è las feillos clés aybrés coumençabon dé rouséja, è toumba, .ça en la, Gins lés réquets, è fasion pichounos restancos.

Un mayti, èro lé 2 septémbré 1632, té ban bésé un bel carrosso que grimpo la grande costo ; passo la grillo del castel è se ba arresta lo­bant la porto.

Dabant è darré, sul carrosso, y abio un flot dé domesticos.

La un, lé capel à la ma, durbis la pourtièro.

Un grand seignou, uno doumaysello superbo d'unis dex-è-sept ans è un bel oufficiè dé dra­gouns dé la Reyno,descénden dé la bouéturo

Démandon à bésé Madamo la Maréchalo dé Roquelauro.

Lés fan dintra dins lé grand saloun,Madamo la Maréchalo, Louiso è Gastoun lés récében.

Après lés saluts, lé grand seignou, t'y counto

Sabes, tapla que jou, qu'en 1615, un an après la mort ciel grand Rey Henric (1) calqué seignou sé rébouitéguen countro la Reyno Marie, dé Médicis. Lé princé dé Coundi, lé duc dé Ven­domo, è lés ducs dé Bouilloun, dé Mayenno,dé Loungovillo d'aoutris. grandis seignous soulébèguen las proubinços dount èron les  goubernurs.

Aquélis seignous, en fasen balé las coumpla­senços del goubernoment per la cour dé Rou-mo (2), éntrénègueu lés cheffés des Calbinistos dins la counspiratiou : Soubiso, la Trémouillo à

Jou (3)•

(1) Henri IV.

(2) Rome

(3) Soubise, La Tremouille et le duc de Rôhan

Tracadis lins lés embirouns dé Bourdèous (1)per l'armado rouyalo qué coumandabo le duc d'Epernon, uno partido des rébellés sé réfugiéguen dlins las Cébénos (2), les aoutris, dins las Pyrénéos.

Ero d'aquel noumbré;

Démandégui l'houspitalitat al barou dé, Léra, chef clés réligiounaris dins lé counat dé Fouych è m'arrécoussidec très jouns dins soun castel dé la Batounillo dé Labélanet

Aqui, lé lendéma, lié 19 juin 1615, la ducchesso, qué bey ploura, toumbec malaouto. La proubidenço né dounec uno fillo, Jenny, qué m'accoumpagno.

Mès, dous jouns aprex, les habitants dé Labé­lanet, qu'abion aouzit la défaito dé lour sein gnou, s'èron réboultats é ménaçants, armadas dé dails, dé piochos, dé fourcos è dé ferreillados enroun­dinéjabon la térasso del castel.

E tabés las troupos rouyalos arribabjon.' Calguec fumé.

Nous fan déguerpi per uno porto qué dounabo su'l'S'oula (4)  è ganèguen lé Quérigut pel bosc

(1) Bordeaux.

(2) Les Cévennes.

(3) Lavelanet  (Ariège).

(4) Le Soula, montagne près Lavelanet.

dé Bélesta (1), è nous dirijabon su l'Espabno pe'l'col dé Pailléros (2).

AI dessus del Quérigut fousquèguen attaquats, la neyt, per uno bando dé bricands.

Ma fenno Boertho èro estado blassado la pru_ mièro en boulon salba soun fil Robert qué ténio sus dénouls.

La nouyrisso  qué pourtabo Jenny, qu'abio pos qué trés jouns coumo sabets, enfujisquec.

E jou, è, moun doumestico, toutis ensanglantats , démouréguen morts sus plaço. Fasio. clar dé luno.

La fréscou dé la neyt nous rébiscoulec. Serqui ma fenno, moun fil, ma fïllo ; troubégui moun fil Robert, à bint passés adalit , è, clous cens passés pu Ienc, arrucaclo darré uno roco, récounéguègui la nouyrisso qué ténia ma fille enlaçado dins sous brassés, la récalfabo andé sa gaouto ; la poou la ténio aggrépido al sol, è, à malin appel, mounabo pies.

Mès, ma fenno, nou la bèjéguen pas pus. Bessé, subitoment follo dé terrou, l'espant y abio feyt mounta la leyt al cap, abio fugit.

La crési morto. »

(1) Bélesta, canton de Lavelanet. (2) Col de Pailhères (Qutrigut).

 

Lé seignou s arrestec de parla ; sas larrmos sé barèjhèguen as sanglots dé sou fil è. dé sa fillo. Aprèx tournec répréné

« L'aben sercado trés jorans è trés jouns.

Lé clescadis clé las armos dés souldats rouyals

qué nous séguission à las traços, nous fasqué_

guen fugé aquel sol inliouspitaliè.

Arriban en Espagno, y pasan   sept ans. E, .graciais pel Rey, tournans en Franco.

Y a dex jouns un souldat de Quérlgut, qu'es dins lé régiment dé mou fil, lés dragouns dé la Reyno, à Bersaillo (1),a racountat qu'abets arrèmassat, assi, uno paouro folio.

Robert n'a abut bent, è bénen...   

Bélèou qué sira Bertho !    

- Ma mayré ! cridéguen al cop, en sangloutan, les dons junos gens.

- 0 Bèrtho ! jisquec lé grand seignou.

Ban querré la damo, qué coumo sabets, gracio as souéns dé la famillo cté Roquelauro, èro pla garido.

'l'aléou durbi la porto

- Bertho

- Ma mayré ?

-- Henric! mou fil ! ma fillo !

Le duc Gaston épousa quelques années plus tard Jenny  qui mourut en couche. Il ne s’en consola jamais Il se remaria  un peu plus tard mais sa seconde femme mourut aussi.

 

Traduction 

LA DUCHESSE BERTHE DE ROHAN.

Le bruit de cette capture se répandit partout. Le courage de Gaston était vanté; à cent lieues à la  ronde, il n'avait son pareil. Partout, partout, dans tous les villages, hameaux et fermes, on n'entendait parler que de cet événement.

Tous se demandaient: qui peut être cette folle? L'un disait: c'est une grande dame; l'autre, c'est quelque sorcière qu'on a sorti de l'enfer.

Peut-être, disait la vieille, c'est quelque âme en peine qui implore des prières.

Déjà, on était au mois de septembre de l'année suivante; déjà les matinées étaient frisquettes et les feuilles des arbres commençaient à roussir et tombante çà et là dans les ruisseaux faisaient de petites retenues.

Un matin, c'était le 2 septembre 1632, arrive un beau carrosse qui grimpe la grande côte; passe la grille du château et s'arrête devant la porte et derrière, sur le carrosse, se tenaient de nombreux domestiques.

L'un d'eux le chapeau à la main, ouvre la portière.

Un grand seigneur, une demoiselle superbe d'environ dix-sept ans, et un bel officier des dragons de la Reine descendent de la voiture, et demandent à voir Madame la Maréchale de Roquelaure.

On les fait entrer dans le grand salon, Madame la Maréchale, Louise et Gaston les reçoivent. Après les salutations le grand seigneur prend la

parole:

"Vous savez, aussi bien que moi, qu'en 1615, un an après la mort du grand Roi Henri, quelques seigneurs se révoltèrent contre la Reine Marie de Médicis. Le Prince de Conti, le Duc de Vendôme, et les ducs de Bouillon, de Mayenne, de Longeville et d'autres grands seigneurs soulevèrent les provinces dont ils étaient gouverneurs.

Ces seigneurs en faisant valoir les complaisances du gouvernement pour la cour de Rome, entraînèrent les chefs des Calvinistes dans la Conspiration: Soubise, La Tremouille et moi même, Duc de Rohan.

 

Traqués dans les environs de Bordeaux par l'armée royale que commandait le Duc d'Epernon, une partie des rebelles se réfugia dans les Cévennes, les autres dans les Pyrénées. J'étais de ce nombre ;

Je demandai l'hospitalité au baron de Léran, chef des religionnaires dans le Comté de Foix et je me réfugiai trois jours dans son château de la baronnie de Lavelanet.

Là le lendemain, le 19 juin 1615, la Duchesse que nous pleurons aujourd'hui tomba malade. La providence me donna une fille, Jenny, qui m'accompagne.

Mais deux jours après, les habitants de Lavelanet, qui avaient appris la défaite de leur seigneur, s'étaient révoltés et menaçants, armés de faux, de pioches, de fourches et de fers d'aiguillons entourent la terrasse du château.

Et aussi les troupes royales arrivaient. Il fallait fuir.

On nous fait sortir par une porte qui donnait sur e Soula et nous gagnâmes le Quérigut par le bois de Bélesta, et nous nous dirigeons sur l'Espagne par le Col de Pailhères.

Au-dessus de Quérigut nous fûmes attaqués, la nuit, par une bande de brigands.

Ma femme Berthe avait été blessée la première en voulant sauver son fils Robert qu'elle tenait sur ses genoux.

La nourrice qui portait Jenny qui n'avait que trois jours comme vous savez, s'enfuit.

Et moi et mon domestique, tout ensanglantés, nous restâmes morts sur place.

Il faisait clair de lune;

La fraîcheur de la nuit nous ranima. Je cherche ma femme, mon fils, ma fille. Je trouvai mon fils Robert, à vingt pas plus loin, épuisé; et deux cents pas plus loin, pelotonnée derrière une roche, je reconnus la nourrice qui tenait ma fille embrassée, la réchauffant de sa joue. La peur la tenait clouée au sol et, à mon appel, elle ne répondait pas.

Mais, ma femme, nous ne la vîmes plus. Sans doute, subitement folle de terreur, la peur lui avait fait monter le lait à la tête, et elle s'était enfuie. Je la crois morte."

Le seigneur s'arrêta de parler; ses larmes se mêlèrent aux sanglots de son fils et de sa fille.

Ensuite il reprit:

"Nous l'avons cherchée trois jours et trois nuits

Le cliquetis des armes des soldats du Roi qui nous suivaient à la trace nous fit quitter ce sol inhospitalier.

Nous arrivons en Espagne, nous y passons sept ans: Et, graciés par le Roi, nous revenons en France.

Il y a, dix jours, un soldat de Quérigut, qui est dans le régiment de mon fils, les dragons de la Reine à Versailles, a raconté que vous avez recueilli, ici, une pauvre folle.

Robert en a eu vent, et nous venons.... Peut-être s'agira-t-il de Berthe!.,.

- Ma mère! crièrent ensemble en sanglotant les deux jeunes gens.

- Oh Berthef gémit le grand seigneur. Sitôt la porte ouverte:

- Berthe!.

- Ma mère!

- Henri! mon fils! ma fille!

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Qui était le Duc Gaston-Jean-Baptiste de Roquelaure ?

Fils de Antoine, baron de Roquelaure (1543 Lectoure 1625) Il fut au côté d’Henri IV dans beaucoup de ses batailles et dans son carrosse le jour de son assassinat. Maitre de la garde robe du roi il fut maréchal de France en 1614.Gaston naquit en 1617 fut capitaine en 1635 et devint maréchal de camp après le siège de Coutrait en 1646. Il sera nommé gouverneur de Guyenne en 1676 et mourut en 1683. Son fils Antoine Gaston  duc de Roquelaure 1656-1738 fut gouverneur de Languedoc  et nommé Maréchal de France en 1724.Le duc Gaston était un des boute en train de la cour.

Sur certaines documentations trouvées sur la toile le duc gascon de Roquelaure  est mort dans son château de Lavalette en 1683. Selon le livre  d’Artur Caussou il est mort à la Réole, vois-ci comment. En tant que gouverneur le Duc visitait ses villes deux fois l’an pour s’assurer de la bonne marche de l’administration et de la justice. Le 9 mars 1783  il était en tournée à la Réole. Depuis quelques jours des nuages énormes s’accumulaient sur les Pyrénées et la Garonne vint à déborder la crue grossissait d’heurs en heures en charriant  des arbres des barriques des maisons (beaucoup étaient en bois) même un berceau et le bébé. Il aida au secours toute la nuit. Au matin la plaine était totalement inondée et le moulin construit sur un canal de dérivation  menaçait de s’effondrer avec la  meunière et deux enfants à l’intérieur. Le meunier était à Bordeaux avec son fils ainé. Elles s’étaient réfugiées sur le toit ; Gaston s’attacha prit une seconde corde et plongea il eut beaucoup de mal à gagner le moulin car le courant le rabattait sur le bord. Il y arriva enfin, l’eau était au Premier étage  il réussit à sauver le plus jeune puis l’autre et enfin il ramène la meunière mais celle-ci lui enserre les bras ils sont emportés par l’écume mais réussissent à s’accrocher aux pierres de la corniche. Il dépose son fardeau puis chancelle, une gorgée de sang sort de sa bouche et il meurt après avoir appelé Jenny ses enfant Charlotte –sa seconde femme- le Quérigut et la France. C’était le 10 mars 1683.

«Moussu lé duc dé Roquelauro fousquec  réboundut , en grando poumpo, lé Quinze mars, dins la capello dés Courdéliés dé Bourdéous.

Ebé ?... n’abio poupat layt dé’s borts dé l’Arièjo, moussu lé duc dé Roquelauro » 

Cette histoire à t-elle  un fond de vérité ? Nous sortions du romantisme Caussou s’inspira probablement de l’histoire de la femme qui vivait parmi les ours dans le Vicdessos ou de quelque légende du Donezan. 

En ce qui concerne sa naissance sa mère passait place de grève et elle fut choquée par le spectacle d’un pauvre homme bastonné sur la place publique par le bourreau ; elle accoucha le lendemain –information trouvée sur la toile- Il est donc né à Paris. Pour sa sépulture Caussou écrit que le duc fut inhumé  dans la chapelle des cordeliers à Bordeaux .Le site  Cimetiere de France et d'ailleurs

http://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article1437 confirme cette information — Le tombeau des Feuillants : il conserve la dépouille de 54 défunts précédemment inhumés dans l’ancienne chapelle des Feuillants, en particulier :

Gaston Jean-Baptiste de ROQUELAURE (1615-1683) : maréchal de camp du roi, il fut blessé et fait prisonnier au combat de la Marfée (1641), se distingua l’année suivante à la bataille d’Honnecourt, puis aux sièges de Gravelines, de Bourbourg et de Courtray. Blessé au siège de Bordeaux pendant la Fronde, il contribua à la conquête de la Franche-Comté à à celle de la Hollande (167l). Louis XIV le fit duc et pair et gouverneur de la Guyenne. Pour les inondations  nous trouvons sur la toile les dates de  1678 et 1690, celles de 1683 ne sont pas mentionnées

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Monsieur de Rohan a pu passer au château de Léran  (09) dont le baron était le chef des religionnaires de Midi Pyrénées. Sa fuite aurait eu lieu, après la défaite des troupes de la religion, le 19 juin 1615.  A cette époque la noblesse de France se soulevait contre le mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche Infante d’Espagne. Je n’ai pas trouvé sur ses mémoires, pour 1615, une trace de son exil en Espagne.

Gaston captura  la demeurée, dont la perte survint  au cours de l’attaque du 21 juin 1615, le 25 juin 1631. Les Mémoires de Henri duc  de Rohan (1579-1638)  tome I  – gallica- mentionnent les dates suivantes : -29 janvier 1628 condamnation de Rohan ;- traité du 27 juin 1629 fin de la guerre contre les protestants et Rohan est rétabli dans ses droits ;  le 5 aout 1629 Rohan arrive à Venise où se trouve déjà sa femme et sa fille et où il  prendra part aux combats contre les Espagnols à coté de la république de Venise, alliée de la France. Il s’exila donc à Venise en 1629  et en 1631 il ne pouvait pas revenir d’Espagne puisqu’il se trouvait avec sa famille en Italie. 

Arthur Caussou nous a donné au travers  de ce roman un beau texte en parler de Foix, s’il nous entend à quelque part sur les cimes de nos montagnes qu’il en soit remercié. 

Bibliographie sur gallica

Histoire curieuse du duc de Roquelaure, surnommé l'homme le plus laid et le plus gai de France... par M. de Robville... -Le Bailly (Paris)-1861Informations détaillées  
Livre en mode image et en mode texte, recherche plein texte disponible Auteur :Robville, T. de

Sur archive.org (université américaine en ligne) The secret memoirs of the Duc de Roquelaure- en anglais

 PJM

Le Castor

Publié dans L'Association - Divers

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