Ariège - Pyrénées - Le Dépiquage au fléau autrefois
Le Dépiquage au fléau en Ariège
Le Dépiquage, c’est l’action d'égrener les céréales, par foulage, par roulage, par flagellation ou par battage
Dépiquage par foulage en 1941 en provence ci dessous
Les gerbes sont prétes à être dépiquées
Batteuse et Tarare
Le blé était dépiqué initialement au fléau ou au manège activé par un cheval ou un âne.
Ensuite arriva la batteuse composée d'un tambour muni de dents tournant à l'intérieur d'un cylindre également denté. Initialement le tambour était mu par une manivelle actionnée par 4 personnes puis il a été mis en rotation par un moteur électrique. L'électricité est arrivée au village en 1927. La batteuse électrique tournait dans toutes les familles pendant toute la saison du dépiquage. Il durait en général une journée pour les plus petites exploitations et plusieurs jours pour les plus grandes. La paille était entassée en pailler ou rentré dans les granges. Les grains de blé étaient séparés des pailles en faisant glisser la paille sur le sol puis ils étaient passés au tarare "bentadou" pour être séparés des bales (bonjour la poussière)
Par la suite un entrepreneur de battage s'est chargé de l'opération. La batteuse, énorme monstre rugissant, frappant et soufflant, dépique les épis, la paille ressort en botte et les grains ensachés. Quelque soit la technique les grains étaient tirés au grenier, sacs de 60 à 80 kilos, qui étaient fort lourds.
Le dépiquage par l'entrepreneur avait lieu sous le cimetière, les familles se regroupaient et louaient la batteuse. Chaque famille payait selon le temps qu'elle l'avait utilisée pour dépiquer. C'est l'occasion de se retrouver a midi et le soir entre voisins pour faire un bon repas réparateur. Ce travail d'un rythme soutenu, quelque soit la technique, est très fatiguant.
Le blé était emmené au moulin d'Urs, transformé en farine il servait à la confection du pain, et à l'alimentation des volailles. On laisse une mesure de farine pour dédommager le meunier que l'on ne paye pas en espèces. Le moulin et la scierie de Vèbre ont fermé en 1917.
La paille sert de fourrage et de litière aux animaux en hiver. La paille était importante et les blés de l'époque avaient une longue tige, Ils versaient facilement sous les orages violents, d'où des récoltes diminuées
La journée du dépiquage se préparait la veille par la mise en place de la Batteuse et de son moteur. Les deux doivent être bien horizontaux dans le sens de la largeur car dans le cas contraire la courroie d'entrainement saute. Le moteur était branché directement sur les fils électrique au niveau du poteau, après demande à l'EDF. La tension était alors de 110 volts et le propriétaire s'acquittait d'un forfait selon le temps du battage.
Coté cuisine la maitresse de maison et les filles s'il y en avait avaient fort à faire pour plumer les volailles et préparer les plats pour le lendemain. Les premiers réfrigérateurs ne sont apparus que dans les années 50 et fort lentement;
Les sacs destinés aux grains avaient été préparés bien avant de même que les "bourrasses " destinées à, recevoir les grains.
Le jour du dépiquage était une véritable fête, mais d'abord une grosse journée de travail très pénible au milieu d'un de poussière. Les estivants jeunes ou plus âgés aimaient bien participer. Mais les pique-assiettes n'étaient pas bien vus s'ils ne travaillaient pas. La journée commençait le matin vers les sept heures avec une pause pour le dé jeuner, bouillon, charcuterie vin fromage, la pause terminée le travail reprenait jusque vers une heure. repas consistant puis repos sur le foin et on reprenait quelque soit la chaleur jusqu'au soir. On pouvait alors se restaurer copieusement sans oublier le vin et l'eau de vie. Ce travail demandait beaucoup de main d'œuvre et quelques jours après on recommençait chez une autre famille.
Les photographies ci dessous ont été faites par nos soins lors du dépiquage du blé organisé sur la place des Cabannes cet été.
ci-dessous - Une mesure à grain
Ci-dessous - Pierres à affuter dans la "coudièro"
en haut de l'image les "bindo" qui servaient à lier les gerbes
ci-dessous Faucilles (boulant)
Gerbes de blé et détail montrant la lie
Ci-dessus Dépiquage au fléau
Ci-dessous Gerbe préparées pour le battage
Ci-dessous - Détail du fléau
le blé aprés flagellation
Le danger lors de ces journées venait des orages qui pouvaient mouiller les grains .
Source Jean Michel Poncy
Le Castor