1851 - Le Choléra s'abattit sur Vèbre et le Lordadais - Causes et conséquences 1.

Publié le par Le Castor

Ariège – Pyrénées - Le Cholera de 1854 à Vèbre et dans le Lordadais

 fontaine merciel 0001

Cet article est rédigé à partir de l’étude que Mr Mercier Pierre a publiée en 1972 dans le BSA disponible aux archives de l’Ariège

En 1851, Vèbre comptait 450 habitants.

Le choléra s’abattit sur le village en septembre.

Officiellement, on enregistrera le premier cas qui marqua le début de l’épidémie le 17 septembre.

La maladie se répandit tragiquement sur le village.

Terreur et fatalisme de la population vèbroise

La terreur s’empare de la population. A Vèbre chacun se prépara comme s'il devait mourir à chaque instant ». Les soins manquent, « les habitants se découragent et abandonnent les malades ». Abandon des malades Mais aussi abandon des morts !

On signale à Vèbre: un cas de choléra « foudroyant » où 1er malade, succombe cinq heures après voir été atteint tous les symptômes (douleurs abdominales, diarrhées, vomissements bilieux) apparaissent simultanément... A Vèbre encore et sang doute ailleurs les enfants allaient « chercher des fagots de bois de genièvre que les hygiénistes de l'époque nous disaient être un bon désinfectant ». Étrange spectacle, où l'on voyait, sur les collines du Tabe, des feux de St-Jean brillant un peu partout...

A Vèbre le conseil se réunit (voir les délibérations du conseil pour le texte complet) : Quand un quart de la population est malade, quand 10 % des gens meurent souvent plusieurs dans la même journée on n'a pas de mal à deviner la terreur existant dans les villages isolés. Une semaine après le début de l'épidémie, le 24 septembre le conseil municipal de Vèbre se réunit pour nommer une commission composée de Jean Simula, Mathieu Puch, Laurent Pélissier et Jean Alzieu. Ceux-ci sont chargés de soigner les cholériques et d'enterrer les morts, à raison de 1 F par jour (ou 1,50 F si le nombre des malades doit augmenter); deux lemmes (Marianne Lacaze et Marguerite Lafaille) veilleront les malades au même salaire que les hommes. Le 8 octobre, on dit que l'épidémie a diminué ; les quatre hommes et les deux femmes cessent donc leurs fonctions. A 1 F par jour, pendant 14 Jours, cela lait 56 F pour les hommes ; les deux femmes elles n'ont exerce leurs fonctions que deux jours, soit 4 F. Total de la dépense 60 F.

On perçoit bien des actes de dévouement ceux des deux docteurs, de l'officier de santé, de l'étudiant en médecine, du notaire, du commissaire de police, des maires d'Axiat et de Luzenac, des gendarmes, des prêtres, des instituteurs. A la date du 12 octobre plus de 40 personnes de Vèbre avaient succombé. Ce jour-là, le curé Esthète rend visite à cinq malades, notamment à la Famille de Jean Florence, lequel évoquera ses souvenirs en 1912 (28). Dans la nuit du 12 au 13, le prêtre est atteint à son tour ; il fait appeler le curé d'Albiès et décède le 13. Tout le village l'accompagne au, cimetière- Ce fut la dernière victime Il aurait dit «si je dois mourir que je sois le dernier» son vœux a été exaucé : Il y avait eu 46 morts à Vèbre Dans l'ensemble, il est certain que les, fonctionnaires ont fait leur devoir, n'hésitant pas à parcourir les, communes, malgré le risque évident de contagion.

Au total on dénombra 76 cholériques (33 hommes, 36 femmes et 7 enfants).

L'épidémie fera 46 morts (21 hommes, 15 femmes, 10 enfants). Le dernier cas fut enregistré le 26 octobre.

Le registre d'état-civil indique un total de 52 décès (28 de sexe masculin et 24 de sexe féminin).Huit personnes décédèrent donc d’une autre cause que le Choléra.

Vèbre fut donc lourdement atteint, mais la maladie fit d’autres dégâts un peu partout en Ariège

Les causes de l’apparition du Choléra…La Misère…

Les années qui précédèrent l’épidémie furent des années de froid et de sécheresse et les récoltes très mauvaises (enquête de 1852 texte à venir)

Cela n’explique pas tout.

Les coutumes et les traditions   empêchaient toute   amélioration.

Que n’entendions nous pas des propos tels que «les anciens savaient ce qu’ils faisaient» ou «les anciens savaient travailler»

Par conséquent, ces personnes ne modifiaient en rien à leur mode de travail.

Les cultures se faisaient toujours suivant le même cycle et cela entrainait une dégradation du sol.

En 1845 une seule exception mérite d’être notée par la commission agricole : La ferme de Caussou. Les communes du Val d’Ariège produisent du seigle et celles en soulane plutôt du froment.

Autre cause, l’administration forestière restreignit le pacage en sous-bois ce qui fit baisser de moitié la production.

Le Conseil Général constata en 1840 que le canton des Cabannes était le plus pauvre du département.

Les paysans cultivaient le moindre lopin terre et souvent remontaient la terre après les pluies. Les autorités municipales n’avaient aucun moyen et aucune volonté.

Le peu d’argent qu’elles avaient était utilisé en frais de procédure entre commune et contre des particuliers.

Le Docteur Bonnans rapportait : « Quand l'épidémie a éclaté, nos paysans étaient déjà débilités par les privations d’une année de disette, par des travaux incessants au milieu des plus fortes chaleurs, par un régime exclusivement végétal, à l'époque des fruits d'été et d'automne, dont J'ai pu si bien constater l'influence que je` n'hésite pas à leur attribuer le tiers des décès. Ajoutons encore la privation absolue de vin dont l'usage eût pu neutraliser en partie les effets d'une nourriture insalubre et peu réparatrice, l'incrédulité systématique des habitants quand on leur démontrait les inconvénients d'un pareil régime et la facilité d’y remédier »

Les communications entre village étaient désastreuse, la corniche était à peine commencée, le chemin de Lordat à Vernaux était en ligne droite et constamment raviné etc...

Les ponts en bois étaient tous à refaire ou à réparer constamment.

A Urs le pont avait été construit en pierre Le sieur Gomma l’avait financé en partie mais il ne put être payé entièrement et il s’en suit un procès.

Le préfet incitait les communes à ouvrir des ateliers généraux mais elles n’avaient aucun revenu et la quasi majorité des habitants sont d’une extrême pauvreté. Les communes ne purent pas organiser ces ateliers.

L’extension de la maladie fut rapide (voir développement ci-dessous) et bientôt les cimetières devinrent trop petits.

Le choléra est du à une bactérie très virulente, le vibrion cholérique, qui se développe dans le système digestif. Le principal réservoir de virus est l'homme lui même, il se transmet par contact direct et par l'eau. La principale protection consiste en une bonne hygiène et dans une bonne protection des points d'eau et des réseaux adduction d'eau.

En ce qui concerne Vèbre, rappelons que les premières fontaines avaient été demandées en 1853 mais le projet n'a pas aboutit, pas d'argent, en 1855 la commune a eu une subvention et a construit trois fontaines à Vèbre et une à la remise.

A Vèbre le cimetière était trop petit

Deux villages Urs et Vernaux, situés dans les environs immédiats subirent la maladie les 19 et 20.

Ensuite, l'épidémie atteint toutes les communes du Lordadais, Unac, Bestiac, Caussou (très proches), le 21, Senconac, le 23, Appy, le 24 enfin Axiat et Caychax, le 27 septembre.

D'une façon générale, la vallée fut atteinte la première, puis les localités sises à mi-hauteur.

es villages placés en hauteur, sur le chemin de la Corniche furent atteints en dernier.

S'agit-il du hasard ? Ou bien l'isolement de la haute montagne a-t-il été, au début du moins, une (minime) protection sanitaire ? Là encore, il faut comparer les dates d'apparition du choléra, en aval et en amont du Lordadais,

De façon Les cimetières devinrent trop petits

Les gens devinèrent que les cimetières allaient être trop petits et la terreur commença à s’emparer de la population.

Le préfet ordonna de fermer le cimetière de Lassur (au cœur du village) et d’en ouvrir un autre à l’extérieur ; le commissaire Bouard des Cabannes fit le tour des villages pour s’assurer que les sépultures étaient bien faites et prendre des décisions quand les autorités étaient défaillantes. Le préfet se déplaça le 30 septembre.

Sitôt le fléau annonce", l'abbé Esthète, curé de Vèbre se montra  homme d'initiative et réunit le conseil de fabrique afin de prendre les mesures pour acheter un terrain destiné à un nouveau cimetière l'ancien étant insuffisant. Déjà, on avait envisagé de construire une église au champ de l'Astrale, propriété de Madame Soulié, religieuse.
Le
curé Estèbe proposa d'acheter le champ de Jean Alzieu, situé au même endroit.
Quelques
membres du conseil clé fabrique voulurent attendre, mais le prêtre

Recherches Jean-Michel Poncy

Edition: Henri Thoa

Le Castor

A suivre...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article