Conférence sur Georges Sand le samedi 26 août 2017
Le samedi 26 août 2017, nous nous sommes retrouvé pour assister à une conférence de notre amie Maryse Le MARREC sur Georges Sand, femme en avance sur son temps.
Amandine Aurore Lucille Dupin, future George Sand (1804-1876)
Toute sa vie, George Sand lutte pour défendre ses convictions : écrire, gagner sa vie, se battre pour les femmes et pour le socialisme, être une bonne mère, vivre librement ses rencontres amoureuses, vieillir et surtout… garder sa liberté. Elle revendique sa position de femme et d’écrivain, d’artiste et d’homme d’Etat, d’amoureuse tout en voulant son indépendance.
Descendante du roi de Pologne par son père et fille d’une courtisane, George Sand se plait à rapporter qu’au milieu de sa généalogie couronnée se trouve « une tache assez visible» et que « le sang des rois se trouve mêlé dans (ses) mes veines au sang des pauvres et des petits ».
A quatre ans, elle perd son père et sa grand-mère l’élève dans le domaine de Nohant.
Le baron Casimir Dudevant devient son époux en 1822. Il a 27 ans, elle en a 18. Un an plus tard, après la naissance de son fils Maurice, la discorde s’installe dans le couple.
Casimir est en réalité grossier, despote, peu cultivé et surtout coureur de jupons. Aurore fait chambre à part et soigne les paysans malades, griffonne quelques essais, peint des boîtes, des tabatières, des éventails.
Aurore (puis George Sand) a de nombreux amants dont Stéphane Ajasson de Grandsagne en 1827, son ami d’enfance. En 1828, elle met au monde sa fille Solange, dont la paternité est empreinte d’incertitude.
Bien qu’elle soit toujours mariée, elle part à Paris en 1830 avec Jules Sandeau, son nouvel amant. C’est à cette époque qu’elle publie Indiana sous le pseudonyme de George Sand. Le succès est immédiat et les critiques s’interrogent sur l’identité de cet homme qui n’écrit pas comme un homme.
Décidée à garder son indépendance, elle recherche du travail dans le milieu littéraire. Pour se faire, en 1831, elle demande l’autorisation à la Préfecture de Police de s’habiller en homme. Ainsi elle peut travailler dans les rédactions des journaux, aller au théâtre, dans les tribunaux ou les bibliothèques.
Parmi ses nombreuses conquêtes, on peut citer Prosper Mérimée, Michel de Bourges, célèbre avocat de la place parisienne qui, en 1836, gagne au profit de George Sand, le procès en séparation de corps des époux Dudevant. Elle est libre, indépendante et peut gérer sa fortune, ses terres, son domaine de Nohant et retrouve la garde de ses enfants. Musset partagera sa vie pendant 2 ans, puis Chopin arrive dans sa vie, lors de leur première rencontre il confie à un ami musicien : « Quelle femme antipathique que cette Sand ! Mais est-ce vraiment bien une femme ? Je serais tenté d'en douter ». Cette liaison durera presque dix ans et c’est à Nohant qu’il compose la grande majorité de son œuvre.
Trois grandes périodes politiques jalonnent la vie de l’écrivain mais son rôle aussi bien que son engagement politique et littéraire varient en fonction des événements.
Pendant la révolution de 1830, elle écrit dans des journaux d’opposition satirique comme le Figaro, ancêtre du canard enchainé, défend la cause des femmes dans le journal Le Monde, écrit des essais polémiques sous forme de lettres ouvertes dans l’Eclaireur de l’Indre.
Pendant la révolution de 1848, elle soutient le gouvernement provisoire et rédige pour les ministres les Bulletins de la République qu’on placarde sur les murs des mairies et des églises. De mai à juin, elle publie sous forme de lettres treize articles décrivant les combats dans la capitale, fonde l’éphémère Cause du Peuple. Elle écrit à cette époque « je ne crois plus à l’existence d’une République qui commence par tuer ses prolétaires. Voilà une étrange solution au problème de la misère »
A l’arrivée de Louis Napoléon au pouvoir, elle ruse avec la censure et utilise ses romans, sa correspondance privée, le théâtre pour continuer à transmettre ses idées. Elle intervient à plusieurs reprises auprès de l’empereur Napoléon III pour obtenir l’amnistie ou une commutation de peine pour ses amis républicains qui d’ailleurs désapprouvent sa démarche.
Désappointée, elle se retire à Nohant, s’éloigne de ses idéaux socialistes, abandonne la scène politique et retourne à la littérature.
Pendant la Commune en 1870, elle écrit dans le journal Le Temps et exprime sa souffrance devant les excès de la répression qui sévit dans les deux camps.
L’œuvre littéraire de George Sand est colossale : environ 70 romans, des nouvelles, des contes, 22 pièces de théâtre, une vingtaine d’essais sur l’art, des lettres, des textes politiques, son œuvre totalise 150 volumes dont 25 renferment sa correspondance (40 à 50 000 lettres).
A travers ses écrits, elle déchaîne les passions, exprime toutes les idées, ses premiers romans glorifient la révolte des femmes. Ces prises de position, inédites à l’époque, divisent l’élite littéraire et l’opinion publique. La congrégation romaine de l’index, sur ordre du Pape, censure la quasi-totalité de son œuvre en 1863.
Ses romans champêtres
Ceux sont de véritables pamphlets sociaux et politiques, elle veut casser les idées reçues en nous persuadant que la vie champêtre est exaltante et que le travail est source de joie.
Consciente que les traditions populaires sont en train de se perdre, elle utilise ses romans pour décrire avec précision et moult détails le folklore local et sait user de sa notoriété pour protéger le patrimoine en faisant classer, par exemple, les fresques de l’église de Vicq.
Ses œuvres autobiographies
Dans Histoire de ma Vie elle informe d’emblée le lecteur qu’elle n’a pas l’intention de livrer à l’état brut tous ses documents, elle retranche certaines confidences ou réécrit des lettres. Elle se trouve à la limite de la falsification mais elle a à cœur de réhabiliter l’image de sa mère qui avait été mise au ban de la société.
Par contre dans le roman Elle et Lui, elle donne une vision très personnelle de sa relation avec Alfred de Musset. Le scandale provoqué par ce livre est tel que le frère de Musset ainsi que la maîtresse du poète se sentent dans l’obligation de mettre les choses au point en publiant à leur tour des essais.
Ses œuvres historiques
Le journal d’un voyageur pendant la guerre de 1870-71 exprime le ressenti de cette femme engagée, ce journal se transforme en un document historique, sociologique et littéraire qui permet de mieux comprendre les difficultés de l'information, l’écart croissant entre Paris et la province, les mouvements de troupes, les difficultés de la vie quotidienne, les conditions climatiques et surtout les défaillances des dirigeants politiques français.
Les contes d’une grand-mère
Les histoires racontées, entre 1872 et 1875, à ses petites-filles, n’ont malheureusement pas été conservées par écrit. Seuls ont subsisté douze contes, publiés sous forme de feuilletons dans différentes revues, puis, plus tard, en deux volumes, sous le titre de Contes d’une Grand-Mère.
On la redécouverte depuis une vingtaine d’années.
Douze téléfilms, six films retracent sa vie ou son œuvre. Sa petite fille Aurore Lauth Sand anime une émission de radio, George Sand a été le thème d’un épisode de Secret d’Histoire de Stéphane Berne. Trois pièces de théâtre, deux bandes dessinées complètent cette liste.
Une rose crée en 2010 est baptisée « Rose et Blanche » (nom de son premier roman) en hommage à cette grande dame.